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CHANT VINGTIÈME

LES CONSCRITS.


Suite de l’histoire précédente. — Tendres adieux de Guenn-Du à son neveu Lilèz. — Exhortations du confesseur et de Tal-Houarn, le parrain du conscrit. — Lilèz entre dans l’Hôtel de ville. — Foule sur la place, autour du barde Ban-Gor. — Chant des conscrits de Plô-Meùr. — Grand bruit à la porte de l’Hôtel de ville. — Comment Lilèz amena ce tumulte. — Le barde, le clerc et Tal-Houarn, le lutteur, ne restent pas oisifs. — Mêlée des gendarmes et des paysans. — Saint Corentin vient au secours des Bretons.


 
Pacifique chanteur aux villes de Cornouailles,
Dois-je d’un cri de guerre effrayer leurs murailles ?
Hélas ! ces grands marchés, pleins de foule et de bruit,
Rarement sans désastre arrivent à la nuit ;
Trop souvent, je l’ai vu, dans ces fêtes celtiques,
Le vin de feu répand ses ardeurs frénétiques ;
Les yeux au moindre mot s’allument, et les bras
À s’armer du bâton noueux ne tardent pas.
Alors hommes, bestiaux, tout se mêle, tout crie ;
L’immense Champ-de-Foire est une boucherie.
Malheur donc aujourd’hui qu’au feu de la boisson
Un ardent désespoir a mêlé son poison !

Les désolés conscrits, devant l’Hôtel de ville,