Page:Brizeux - Œuvres, Les Bretons, Lemerre.djvu/27

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Mon Dieu, que votre oreille alors s’ouvre et m’entende :
Ma barque est si petite, et la mer est si grande !
 
Commençons. Sur la mer ou dans les prés en fleurs,
Tous entendront ma voix, nul ne verra mes pleurs.
 
On célébrait la messe en l’honneur de la Vierge,
Dans un hameau de Scaer ; sur chaque autel un cierge
Placé devant les saints lentement s’allumait,
Et l’on sentait l’odeur de l’encens qui fumait ;
Lorsque l’enfant de chœur se taisait au pupitre,
Suspendue en dehors au châssis d’une vitre,
Chantait une mésange, et sa joyeuse voix
Au-dessus de l’autel semblait l’hymne des bois.
On ouvrit le portail, et l’assemblée entière
Fit en procession le tour du cimetière.
Les croix marchaient devant ; sur un riche brancard,
Couverte d’un manteau de soie et de brocard,
La Vierge de Coad-Rî suivait, blanche et sereine,
Le front couronné d’or comme une jeune reine ;
Tous les yeux, tous les cœurs étaient remplis d’amour ;
L’été du haut du ciel dardait son plus beau jour ;
Les landes embaumaient, et les châtaigniers sombres,
Penchés le long des murs, versaient leurs fraîches ombres
Sur ces heureux croyants qui chantaient : Ô pia !
Ave, maris Stella, Dei Mater aima !

 
De retour dans l’église, à genoux sur la pierre.
Riche ou pauvre, chacun se remit en prière :
Car, en face de Dieu, ces gens-là, comme nous,
N’ont pas besoin de siège où poser leurs genoux ;
Comme nous orgueilleux lorsqu’une pompe vaine