Page:Brizeux - Œuvres, Les Bretons, Lemerre.djvu/35

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La fleur lève vers toi sa tige verte et fine,
Que mille bruits confus se répandent dans l’air,
Et que vers l’orient le ciel devient plus clair,
Heure mélodieuse, odorante et vermeille.
Première heure du jour, tu n’as point ta pareille !

Ainsi tout s’animait ; hommes, femmes, enfants,
Sortaient de leur village et s’en allaient aux champs.
En passant, chacun d’eux saluait le vicaire.
Quelques-uns l’arrêtaient pour causer d’une affaire,
De leurs foins déjà mûrs, de la belle saison ;
Ils lui disaient aussi d’entrer dans leur maison,
Qu’il serait bien reçu ; puis, à chaque notable,
Qu’un verre de bon cidre était prêt sur la table.
Bientôt le soleil d’or parut. Son globe en feu
Embrasa devant lui l’espace vide et bleu ;
Sur la terre à longs traits il pompa la rosée ;
Et quand toute sa soif enfin fut apaisée.
Des bords de l’horizon l’astre silencieux
Avec tranquillité s’éleva dans les cieux.
Alors tout fut chaleur : les herbes et les plantes
Inclinèrent encor leurs têtes nonchalantes,
Et les quêteurs, marchant au milieu des épis,
Penchaient comme eux leurs fronts par le hâle assoupis.
 
Sous les chemins boisés, fatigués de leur course.
Parfois ils s’arrêtaient, ou bien près d’une source
Qui coulait fraîchement sur un lit de cailloux ;
Car sans cesse on ne voit et l’on n’entend chez nous
Qu’eaux vives et ruisseaux, et bruyantes rivières ;
Des fontaines partout dorment sous les bruyères :
C’est le Scorff tout barré de moulins, de filets,