Page:Brizeux - Œuvres, Les Bretons, Lemerre.djvu/82

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La bombarde résonne ; et, la main dans la main,
Les danseurs vont courant le long du grand chemin ;
Les filles de Gour-Rîn, aux jupes sur les hanches,
Celles de Pont-Aven, si roses et si blanches,
Et bien d’autres encor, bondissent sans repos,
Comme des grains de blé sous les coups des fléaux.
Regardez, regardez la bande qui défile !
Danseuses et danseurs, ils sont là plus de mille
Qui sautent face à face en se parlant des yeux,
Et reparlent ensemble avec des cris joyeux.
Haut le pied, jeunes gens ! Pour quelques tours de ronde,
Lorsque Pâques viendra, si le vicaire gronde,
Cependant, mes amis, bras dessus, brns dessous,
Parlez au vieux recteur, et vous serez absous.
 
Lui-même le voici, le clerc du presbytère !
Prcj de sa bicn-aimée il passe avec mystère.
Hélène et vous, Lilèz, en riant vous passez ;
Car vous aimez sans peur, et sans peur vous dansez.
 
Très glorieux saint Luc ! Ce sonneur, comme il gonfle
Sa joue, et sous son bras comme le biniou ronfle !
Un jour musicien, le lendemain tailleur,
Qui peindrait son cou tors, son petit œil railleur ?
Et Ban-Gor, le meunier, ce roi de la bombarde.
Debout sur son baril, n’a-t-il point l’air d’un barde ?
Aujourd’hui tout se mêle et s’acccrde à sa voix,
Vêtements campagnards et vêtements bourgeois ;
Le maire est dans les rangs ; voici venir derrière
Monsieur le percepteur, madame la mercière ;
Tous les métiers du bourg, tisserand, tonnelier,
Le maréchal ferrant avec son tablier ;