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Page:Brizeux - Œuvres, Marie, Lemerre.djvu/109

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Abeilles, moucherons, alertes demoiselles,
Se sauvant sous les joncs du bec des hirondelles. —
Sur la main de Marie une vint se poser,
Si bizarre d’aspect qu’afin de l’écraser
J’accourus ; mais déjà ma jeune paysanne
Par l’aile avait saisi la mouche diaphane,
Et voyant la pauvrette en ses doigts remuer :
« Mon dieu, comme elle tremble ! oh ! pourquoi la tuer ? »
Dit-elle. Et dans les airs sa bouche ronde et pure
Souffla légèrement la frêle créature,
Qui, déployant soudain ses deux ailes de feu,
Partit, et s’éleva joyeuse et louant Dieu.

Bien des jours ont passé depuis cette journée,
Hélas ! et bien des ans ! Dans ma quinzième année,
Enfant, j’entrais alors ; mais les jours et les ans
Ont passé sans ternir ces souvenirs d’enfants ;
D’autres jours viendront et des amours nouvelles ;
Et mes jeunes amours, mes amours les plus belles,
Dans l’ombre de mon cœur mes plus fraîches amours,
Mes amours de quinze ans refleuriront toujours.




 
Jaime dans tout esprit l’orgueil de la pensée
Qui n’accepte aucun frein, aucune loi tracée,
Par delà le réel s’élance et cherche à voir,
Et de rien ne s’effraie, et sait tout concevoir ;
Mais avec cet esprit j’aime une âme ingénue,
Pleine de bons instincts, de sage retenue,
Qui s’ombrage de peu, surveille son honneur,