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Page:Brizeux - Œuvres, Marie, Lemerre.djvu/111

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Marie


 
Après moins de six mois passés loin de la lande
Où l’on jouait, Marie, ah ! que vous voilà grande !
N’était ce corset rouge et ces jupons rayés
Qui, trop courts à présent, m’ont laissé voir vos pieds,
Jamais je n’aurais dit : « Cette fille qui prie
Au Calvaire, et s’en va vers l’église, est Marie. »
Et pourtant c’est bien vous ; je vous parle et vous vois ;
Mais que vous êtes grande après moins de six mois !
La tige qu’on mesure au temps de la poussée,
Vienne la Saint-Michel, n’est pas plus élancée.
J’ai honte à moi vraiment et me sens tout jaloux,
Car j’ai l’air aujourd’hui d’un enfant près de vous ;
Je n’ose vous parler, et jusqu’au fond de l’âme
Vous me troublez quasi comme une grande dame.
Cependant, jeune fille, ainsi que l’an passé
Causons. Voyez ! l’office à peine est commencé,
Et nul sous le portail ne viendra. — Prenons garde,
Voici que le sonneur de son banc nous regarde,
Et j’entends sous le mur le petit Pierre Élô
Qui chante en écorchant son bâton de bouleau. —
Eh bien ! tout cet hiver, au logis toute seule,
Et, le soir, travaillant auprès de votre aïeule,