Page:Brizeux - Œuvres, Marie, Lemerre.djvu/142

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Écrit en mer


 
Notre barque, depuis trois jours,
Croise et lutte devant ces côtes ;
Les vagues roulantes et hautes
Sur les rocs nous poussent toujours.

Dans l’ennui de la traversée,
Alors chacun des voyageurs
Se livre aux souvenirs rongeurs
Que chacun porte en sa pensée.

En secret, je songeais à vous,
Pour moi désormais étrangère,
Pareille à cette passagère,
Vous qui pleurez sur vos genoux.

Pleurez ! Attendri sur moi-même,
J’ai pu lire dans vos douleurs.
Pleurez, pauvre femme ! vos pleurs
Sont pleins d’une douceur qu’on aime.

Tout ce qui fait vivre et penser,
Votre âme ardente le féconde :
C’est une faute aux yeux du monde,
Les larmes doivent l’effacer.