Page:Brizeux - Œuvres, Marie, Lemerre.djvu/153

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— Non, non ! laissez-moi faire ; en ce bourg j’en sais une,
Comme il les sait aimer, douce, élégante et brune,
Presque une autre Marie. — Ah ! poète, tes vers
Nous ont souvent distraits de l’ennui des hivers :
Oh ! La jolie enfant ! Mais les fraîches couronnes
Que tu cueilles pour elle et dont tu l’environnes ! »

Dans le calme, la paix, les bienveillants discours,
Huit jours chez ces amis ont passé, mais si courts,
Si légers, que mon âme alors rassérénée
Comme ailleurs un instant eût vu fuir une année.
Là nul vide rongeur, mais les soins du foyer,
L’ordre, pour chaque jour un travail régulier,
Une table modeste et pourtant bien remplie,
Cette gaîté du cœur qui se livre et s’oublie
Autour de soi l’aisance, un parfum de santé,
Et toujours et partout la belle propreté ;
Le soir, le long des blés cheminer dans la plaine,
Ou dans la carriole une course lointaine ;
Enfin, la nuit tombée, un pur et long sommeil,
Et les joyeux bonjours à l’heure du réveil.

Ami, comme un tissu jadis imprégné d’ambre,
Ici, ton souvenir, sous les bois, dans ma chambre,
Partout, à moi s’attache, et tes félicités,
Mirage gracieux, flottent à mes côtés ;
Et voilà que, cédant à cette fantaisie,
J’évoque dans mon cœur la chaste poésie
Qui dans un vers limpide a soudain reflété
Ta jeune et douce Emma, sa candeur, sa gaîté,
Entre sa mère et toi ton enfant qui se penche,
Et ta charmille en fleur près de ta maison blanche.