Page:Brizeux - Œuvres, Marie, Lemerre.djvu/21

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Ainsi que le pécheur près de sombrer, hélas !
Vers vous en gémissant je tendrai les deux bras ;
Mon Dieu ! que votre oreille alors s’ouvre et m’entende :
Ma barque est si petite et la mer est si grande !

Et Dieu l’a entendu. Il lui a donné une imagination sereine, il lui a inspiré l’enthousiasme du bien, l’horreur du mal ; il lui a envoyé ces exquises jouissances de l’artiste, ce tourment du beau qu’il a si gracieusement décrit dans un hymne tout chrétien :

 
Il est doux par le beau d’être ainsi tourmenté
Et de le reproduire avec simplicité ;
Il est doux de sentir une jeune figure
S’élever dans vos mains harmonieuse et pure,
Si belle qu’on l’adore et qu’on en fait le tour.
Amoureux de l’ensemble et de chaque contour ;
Sous la forme, il est doux de répandre la flamme
En s’écriant : « Voici la fille de mon âme !
Jusqu’au foyer d’amour pour elle j’ai monté ;
Admirez ce reflet de la divinité ! »
Nous ne redirons pas ce que disait la haine,
Que toute poésie est une chose vaine.
Chanter, peindre, sculpter, c’est ravir au tombeau
Ce que la main divine a créé de plus beau ;
Chanter, c’est prier Dieu ; peindre, c’est rendre hommage
À celui qui forma l’homme à sa propre image ;
Le poète inspiré, le peintre, le sculpteur.
L’artiste, enfant du ciel, après Dieu créateur.
Qui jeta dans le monde une œuvre harmonieuse.
Peut se dire : « J’ai fait une œuvre vertueuse ! »
Le beau, c’est vers le bien un sentier radieux,
C’est le vêtement d’or qui le pare à nos yeux.

« Que d’autres pensées pieuses, sereines, hienfaisantes. Je pourrais recueillir encore dans ses poèmes, — couronnés de fleurs bénies à déposer sur sa tombe ! On m’a raconté qu’Ozanam, dans sa dernière maladie, transcrivait de sa main défaillante quelques vers