Page:Brizeux - Œuvres, Marie, Lemerre.djvu/242

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Ainsi, dans la science aphoristique seraient comptés les dires de cette race superbe qui, abusant de la victoire, criait : « Malheur aux vaincus ! » ou, avec un plus noble orgueil, répondait au conquérant macédonien : « Nous ne craignons qu’une chose, la chute du ciel. » Mais ce sont là des cris isolés, comme le « Bois ton sang ! » d’un héros moderne, et non des proverbes.

Parmi tous les dictons familiers qui, dans ce recueil, montrent les rapports d’intérêts, de famille, de pays à pays, comme les altercations des bergers antiques, ou les travaux journaliers des laboureurs, quelques-uns cependant s’élèvent avec force ou douceur, et témoignent d’un grand sens moral. Contre l’avarice, quoi de plus terrible que ces quatre vers ?

 
Quand vous striez de la race au chien.
Entrez dans ma maison si vous avez du bien ;
Quand vous seriez de la race du roi,
Si vous n’avez plus rien, passez : chacun chez soi.

Les deux pivots de l’existence humaine, comme ils sont ici indiqués avec imagination !

Beg ar zoc’h, beg ar vronn

Gand hô daou é vévomp.

Bout du soc, bout du sein,

Par eux deux nous vivons.

Et, pour finir, voici par quelle image le peuple