Page:Brizeux - Œuvres, Marie, Lemerre.djvu/306

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cachent pas leurs emprunts à ces poèmes, moult anciens, dit Marie de France.

Bons Jais de harpe vous appris,
Lais bretons de notre pays ;
ajoute le traducteur de Tristat le Léonais. N’est-ce pas la veille de la bataille d’Auray que Duguesclin consulta les Prophéties de Merlin ? Sous la Ligue on chantait encore le Graalen Maûr, qui a tant fourni aux romans de la Table ronde ; et l’on chante toujours :
Ar roué Graalen zô en Iz bez.

Quant au barde Guiklan, qui vivait en 450, Rostrénen et le vénérable Dom Le Pelletier lisaient ses vers, au siècle dernier, dans l’abbaye de Lan-Dévének. Les titres ne sont donc pas contestables : on les retrouverait d’ailleurs au delà du détroit, dans ime littérature jumelle ; et dans les deux pays la langue est encore vivante. Depuis longtemps travaillée en Galles, elle vient enfin de recevoir en Bretagne sa forme scientifique des veilles de Le Gonidec.

Tâchons d’exposer dans toute sa simplicité cette vie studieuse et peu connue, mais glorieusement liée désormais à l’histoire des idiomes celtiques.

I

Jean-François-Marie-Maurice-Agathe Le Gonidec naquit au Conquet, petit port de mer situé à la pointe occidentale de la Bretagne, le 4 septembre de l’année 1775. Sa mcre, Anne-Françoise Pohon, appartenait à