Page:Brizeux - Œuvres, Marie, Lemerre.djvu/321

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

à cet appel. Outre l’épitaphe déjà citée et d’autres inscriptions, on lit sur le monument, d’un style gothique élégant :

Ganet é Konk, ar IV a vîz gwengolo, 1775.

Marô é Paris, ann XII a vîz héré, 1838.

Béziet é Konk, ann XII a vîz héré, 1845.
En français :
Né au Conquet, le IV septembre 1775.

Mort à Paris, le XII octobre 1838.

Enseveli au Conquet, le XII octobre 1845.

Par cet hommage rendu au savant grammairien, l’Armorique a prouvé qu’elle savait se glorifier de sa langue comme de la plus ancienne peut-être de l’Europe ; qu’elle voulait l’aimer comme conservatrice de sa religion et de sa moralité.

IX

En face de la civilisation nouvelle, Le Gonidec a fait ceci, que le breton est écrit, au {{sc|xix||e siècle, avec plus de pureté qu’il ne le fut depuis l’invasion romaine : la mort du breton, si Dieu le voulait ainsi, serait donc glorieuse. Il faut l’avouer, la langue écrite avait suivi la décadence de notre nationalité. Cette décadence date même de loin, à en juger par le Buhez Santez Nonn (Vie de sainte Nonne), ce mystère antérieur au xiie siècle, traduit en français et avec tant d’habileté par l’infatigable savant. Les écrivains, sans renoncer aux tournures celtiques, aimèrent trop à se parer de mots étrangers. Or, c’est ce désordre qu’a voulu chas-