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NOTICE

trouvera bientôt. Chaque année, aux vacances, il allait revoir sa mère et son pays ; il revit aussi Marie et le curé d’Arzannô. Ces souvenirs si doux, interrompus un instant par la fièvre inquiète de la première jeunesse, refleurirent naturellement dans son âme. Heureux celui qui n’a qu’à interroger ses souvenirs pour avoir sous la main les éléments d’un chef-d’œuvre ! Ce fut le bonheur de Brizeux.

Un jeune homme, né en Bretagne, a été élevé dans un village du Finistère. Il a eu pour maître un vieux curé, pour condisciples de jeunes paysans. Il a grandi au sein d’une nature à la fois douce et sauvage, courant à travers les bois, connaissant tous les sentiers des landes, ou passant de longues heures au bord des fraîches rivières de sa vallée natale. La piété de son éducation, sous la discipline du prêtre, s’associait librement à toutes les joies naïves d’une existence agreste. Une jeune paysanne, enfant comme lui, ornait d’une grâce plus douce encore cette nature tant aimée. Plus tard, le jeune homme a quitté son pays, il est entré dans une vie toute différente. Le voilà dans sa chambre solitaire, à Paris, triste,

    Dans le vin les bons vers. Je conviens que pourtant
    Tu ne les fais pas mal, non plus que ce Molière.
    RACINE.
    Ah ! sans lui tu serais au fond de la rivière.
    CHAPELLE.
    Chut ! ne me parle plus de cet affreux repas,
    j’en tremble encor. D’ailleurs tu ne t’y trouvais pas.
    J’en suis fâché, mon fils, cela manque à ta gloire.
    Souper fameux auquel à peine on pourra croire,
    Que peut-être un auteur doit illustrer un jour,
    Sûr d’illustrer aussi sa mémoire à son tour !
    RACINE.
    Tu ne feras point là le plus beau personnage.
    CHAPELLE.
    Je ferai le plus gai, c’est assez mon usage.

    (Scène xii)