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LA MORALE DE PLATON



La morale est peut-être la partie du système de Platon qui, du moins en France, a été le moins étudiée par les historiens et les critiques. Il semble que leur attention ou leur curiosité, si souvent attirées par la théorie des Idées ou la théologie et la physique platoniciennes, se soient fatiguées ou épuisées dans ces difficiles recherches.

Cependant, à ne considérer que le nombre et l’étendue des ouvrages qu’il lui a consacrés, il est aisé de voir que le philosophe lui-même a regardé cette partie de son œuvre comme la plus importante. La morale, et la politique qui en est inséparable et dont elle fait partie intégrante, sont exposées dans les dix livres de la République, les douze livres des Lois, le Politique, ainsi que dans le Protagoras, le Ménon, le Gorgias et le Philèbe. Une lecture un peu attentive des dialogues confirme cette indication. Il est visible que Platon est constamment et avant tout préoccupé de définir la vertu et le bien et d’enseigner aux hommes l’art d’être heureux ; en ce sens, il est vraiment le continuateur de Socrate. On pourrait citer dans ses divers ouvrages nombre de passages d’où il résulte clairement qu’il ne conçoit pas de tâche plus glorieuse ou de mission plus noble que celle du législateur ou du nomothète. Solon et Lycurgue sont des modèles, et si l’on trouve en lui, outre un admirable écrivain, un poète, un mathématicien, un psychologue profond et un dialecti-