croyaient savoir, en vertu de leur métaphysique, que les lois de la nature sont immuables et nécessaires parce qu’elles sont l’œuvre et la manifestation d’une raison souveraine et parfaite. Connaître ces lois telles que l’expérience nous les révèle, c’était les connaître telles qu’elles sont, c’est-à-dire nécessaires. En les apercevant, notre raison se retrouve elle-même dans la raison universelle, si bien que les données des sens ne sont en quelque sorte que l’occasion à propos de laquelle elle s’exerce. Si on trouve cette conception insuffisante, il conviendrait peut-être de rappeler que le principe sur lequel repose le système d’Aristote, son réalisme, la doctrine des essences et des formes, celle de l’intuition intellectuelle, ne sont pas non plus sans présenter quelques difficultés assez graves. On pourrait ajouter que, chez les modernes, les solutions du problème capital de la logique présentées par Hume, par Stuart Mill et même par Kant ne sont pas encore passées à l’état de vérités définitivement acquises. Au reste, il ne s’agit pas ici de défendre la cause des stoïciens, mais seulement d’indiquer ce qu’a été leur logique, et quelles solutions elle donnait des principaux problèmes qu’elle soulève.
La logique des stoïciens est purement nominaliste ; et elle reste, du commencement jusqu’à la fin, rigoureusement fidèle à son principe. Par là elle diffère profondément de celle d’Aristote. Elle n’est pas, comme on le lui a reproché, une simple reproduction, une imitation affaiblie de cette dernière. Elle n’en est pas même une simplification. Elle est tout autre et même opposée. Elle est une réaction contre la logique d’Aristote, de même que la physique et la morale des stoïciens peuvent être regardées comme une réaction contre la philosophie d’Aristote. Ou plutôt, pour parler plus exactement, la logique des stoïciens est un essai de synthèse entre la doctrine de la science, telle que les socratiques l’avaient élaborée, et le nominalisme qu’Antisthène et les Cyniques opposaient déjà à Platon. Conserver la certitude, la démonstration, la vérité inébranlable et immuable, tout en déclarant que nos concepts ne sont que des noms, puisque aussi bien il n’existe que des êtres individuels et corporels, puisque tout est matière, voilà la tâche que s’est donnée le stoïcisme.
Il est impossible, en examinant la logique des stoïciens, de