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La morale éclectique

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Les ouvrages où se trouve exposée la morale éclectique sous sa première forme : le Vrai, le Beau, le Bien, de Victor Cousin (1828), et le Cours de Droit naturel, de Jouffroy (1833-1834), semblent un peu oubliés et vieillis. Mais cette morale elle-même n’a pas cessé d’être en honneur. C’est encore elle, malgré quelques modifications plus apparentes que réelles, qui règne dans tous nos établissements d’enseignement publics ou privés. Et, dans ces dernières années, malgré les changements extérieurs si souvent apportés aux programmes officiels, le fond de cette doctrine a toujours été religieusement respecté. Définir la morale : la recherche d’une loi obligatoire de la conduite humaine, découvrir cette loi parmi les motifs de nos actions ; réfuter la doctrine morale de l’intérêt et celle du sentiment, attendu que ces deux motifs ne présentent aucun des caractères d’une loi universelle ; déterminer ensuite la nature du Bien et du Devoir en rattachant ces deux notions l’une à l’autre aussi étroitement que possible ; enfin passer en revue les diverses sanctions de la conduite humaine pour en faire ressortir l’insuffisance radicale, et trouver dans la vie future le dernier mot du problème, c’est une conception de la science morale inconnue avant l’éclectisme. Il n’est pas téméraire de penser qu’on ne la reverra plus, quand l’éclectisme aura tout à fait cessé de vivre.

À vrai dire, on a pu croire un moment que la morale