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PREMIÈRE PARTIE


CHAPITRE II

Théorie de Platon

Les anciens n’ont pas songé à distinguer dans la connaissance la part du sujet et de l’objet[1], Pour eux, l’esprit est, par rapport aux choses, comme un miroir où elles se reflètent fidèlement.

Tout ce qui est pensé, est : on ne saurait penser ce qui n’est pas. La pensée est la mesure de l’être.

Il résulte rigoureusement de ce principe, et les sophistes s’en aperçurent bientôt, que l’erreur est impossible. « Rien n’est faux », disent Protagoras et Euthydème, car se tromper ce serait penser ou dire ce qui n’est pas, c’est-à-dire ne rien penser ou ne rien dire[2].

Ni Socrate, ni Platon, pour qui les idées morales sont les principes directeurs et régulateurs de toute

  1. La Philosophie des Grecs, par Ed. Zeller. Trad. Ém. Boutroux. Introd. génér., ch. III, p. 135.
  2. Euthyd., 286, E. : 286, A. — Crat., 429, D.