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CHAPITRE XVII


1er janvier 1871, quelle triste journée pour nous, dans la matinée je suis rentrée à la maison ; il faisait froid aux bastions ; ce qui était plus triste encore, chemin faisant, on rencontrait de pauvres femmes tellement affaiblies, qu’elles s’évanouissaient sur la voie publique, c’était navrant. Malgré assistance et dévouement, on ne pouvait parvenir à secourir toutes ces infortunées.

Ce jour-là, nous eûmes un petit moment assez heureux ; ma mère m’avait rarement une journée entière ; en cet honneur, elle nous fit des pommes de terre frites avec le présent que j’avais reçu pour le jour de Noël.

Les enfants étaient si contents, notre boulanger nous avait vendu un peu de grosse braise que nous mîmes dans notre petit fourneau à trois trous, le dessus en catelles bleues et blanches, fourneau dit parisien.

À la vue des pommes de terre dorées, les enfants dansaient de joie.

Ce jour-là, j’eus encore une surprise, on m’envoya un magnifique lapin, tout préparé à la sauce aux champignons, qui m’était offert par quelqu’un du faubourg St-Germain, je pense que c’était encore un M. de la compagnie.