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V

de les « remonter… Elles se déguisèrent en soldats…, et ainsi vêtues en chienlits, elles s’armèrent, firent le coup de feu et furent implacables. Elles se grisèrent du sang versé par elles et eurent une ivresse furieuse qui fut horrible à voir… Elles étaient toutes là, s’agitant et piaillant, les pensionnaires de St-Lazare en vacances, les natives de la petite Pologne et de la grande Bohème, les marchandes de tripes à la mode de Caen, les couturières pour messieurs, les chemisières pour hommes, les institutrices pour étudiants majeurs, les bonnes pour tout faire, les vestales du temple de Mercure et les vierges de Lourcine… »

J’abrège la citation qui paraîtra, telle quelle, trop copieuse encore. Mais ne faut-il pas que le lecteur de bonne foi soit mis à même de confronter ces portraits de femmes de la Commune, aux modèles qui s’appelaient Louise Michel, Maria La Cécilia, Marie Ferré, Nathalie Le Mel, Aline Jacquier, Beatrix Excoffon, Blanche Lefèvre, V. Tinayre, Marceline Leloup. Elisabeth Dmitrieff, Adèle Gauvin, Malvina Poulain, André Lèo, Paul Mink, Augustine Chiffon, Elisabeth Rétif, Suétens, Papavoine, Marchais, Deletras, Jarry, Jaclard, A. Desfossés, Blin, Poirier, Danguet, Goullé, Smith, Cailleux, Dupré, etc.

La citation que je demande pardon d’écourter, la voilà ! Mais Victorine B…, anonyme, sera l’interprète des centaines de pétroleuses que j’ai le regret d’omettre.

Pétroleuses ! Aux derniers jours de la Commune, pendant la semaine rouge, cette désignation fut mortelle aux malheureuses qui la recevaient d’un concierge vin-