Page:Brocher - Souvenirs d’une morte vivante, 1909.pdf/34

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
10
PREMIÈRE PARTIE

les fenêtres qui ne sont pas éclairées. Ainsi finit cette journée du 23 février. Très tard dans la nuit, nous rentrâmes chez nous. Ma mère était très inquiète, nous n’avions pas vu mon père depuis deux jours.

24 février, déchéance de LOUIS-PHILIPPE.

Dans la journée nous apprîmes la déchéance du roi. Le désordre était à son comble, cette émeute était devenue une révolution.

Louis-Philippe effrayé, fit appeler Thiers, qu’il croyait plus populaire que Molé et le pria de composer un cabinet. Thiers demanda qu’on lui adjoignît Odilon Barrot, ce dernier qui était assez populaire la veille, fut accueilli par des huées dans les rues de Paris.

La réforme ! criait-on, sur l’air des Lampions, puis succéda comme mot d’ordre : La République !

Le roi avait nommé le maréchal Bugeaud, commandant en chef de la Garde Nationale et de l’armée ; les gardes nationaux refusèrent de marcher, les soldats mettent la crosse en l’air. Ils ne peuvent plus arrêter le mouvement. La fusillade éclate aux Tuileries, Louis-Philippe veut essayer de ranimer ses défenseurs. Il monte à cheval, parcourt la place du Carrousel, les gardes nationaux l’accueillent en criant : Vive la réforme ! Complètement découragé, le roi cède.

Il abdique en faveur de son petit fils, le comte de Paris. Il monte dans une voiture fermée, quelques cuirassiers protègent sa retraite. Il prend le chemin de Bruxelles, où il meurt deux ans plus tard.

Dans la soirée mon père rentra à la maison, il nous