Page:Brocher - Souvenirs d’une morte vivante, 1909.pdf/49

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


CHAPITRE III


Nous sommes à Orléans, les docteurs ont dit à mes parents que si je restais à Paris, assurément je mourrais.

Fin 1849, mon père loua un magasin, rue Jeanne d’Arc, 32, au coin de la rue Neuve, rue courte et étroite, aboutissant à la place du Martroi.

La rue Jeanne d’Arc est une des plus jolies rues d’Orléans, pas longue, mais très large, se terminant par la Cathédrale, laquelle est d’une grande beauté, de style ogival. Ses hautes tours, ses rosaces, ses clochers ajourés d’une sculpture fine comme de la dentelle, produisent au soleil couchant un effet magique. Parfois elle a des effets d’incendie, d’autres fois les rayons solaires l’illuminent d’un reflet d’or splendide.

La ville elle-même est très calme ; après la vie agitée de la capitale, cela semble triste, mais petit à petit on en ressent les bienfaits ; le site est plus reposant. À notre maison il y avait deux entrées, l’une rue Jeanne d’Arc et l’autre, minuscule, du côté de la rue Neuve, laquelle donnait accès à une cour étroite, en forme de couloir. Mon père était ravi d’avoir trouvé cette maison à double entrée, pour être plus libre pour recevoir ses amis politiques. Enfin, lorsque mon père