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SOUVENIRS D’UNE MORTE VIVANTE

reçues dans la lutte, aurait déclaré à plusieurs personnes, avoir tué le brigadier, après avoir été blessé par lui.

Ils furent tous faits prisonniers[1], et amenés à Orléans dans quatre voitures, sur lesquelles étaient hissés les objets saisis comme pièces à conviction.

Il y avait des fusils, des sabres, et les deux fameux drapeaux.

Le 8 décembre 1851, à 6 heures du matin M. Texier nous fit lever, il désirait nous faire assister au passage des prisonniers. Nous avons vu le défilé des voitures amenant les vaincus à la prison d’Orléans. Le ciel était beau, mais, quoique nous fussions sur le Mail à une heure matinale, le temps était si clair, que nous avons pu voir parfaitement le défilé, sur quatre chariots, des hommes et des femmes étaient empilés, les femmes, surtout, étaient pleines d’énergie, elles étaient excitées, leurs yeux brillaient d’un vif éclat, on sentait qu’elles étaient encore animées de la fièvre de la lutte. Elles nous saluèrent ; avec nos mouchoirs, nous leur faisions des signes affectueux d’encouragement, les femmes de Montargis ont été admirables de dévouement et d’abnégation. Nous étions heureux d’avoir pu les voir de près. Nous trouvant en dehors de la ville, cela était facile, il n’y avait presque personne sur le Mail. Toutes les rues aboutissant à la prison étaient gardées par la troupe, l’arme au pied, pour empêcher la circulation.

  1. M. Souesmes s’est volontairement constitué prisonnier, voir son jugement du mois de janvier 1852 ; Gazette des tribunaux.