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SOUVENIRS D’UNE MORTE VIVANTE

Cette vilaine farce rallia un grand nombre d’individus à ses idées. Voyez à quoi tiennent les choses ; souvent à un incident futile.

Le soir il revint vers son frère à la maison paternelle, il lui fit compliment des sentiments chrétiens qu’il inspire à ses fidèles. Ma bonne grand’mère aimait ses deux fils, elle était très affligée, elle ne put faire autrement que de blâmer son fils aîné.

Mon père était panthéiste, il avait horreur de tous les gens d’église et une profonde antipathie du clergé, quel qu’il soit.

Il aimait le Christ comme un homme, non comme fils de Dieu ; il le considérait comme précurseur d’idées nouvelles, bonnes et généreuses, il pensait que Jésus était un révolutionnaire de son temps, qu’il avait combattu les abus de sa propre religion et qu’il en avait été victime, comme l’ont été tous les grands réformateurs.

À 21 ans, il se maria à Orléans où demeurait ma mère. Ils vinrent habiter à Chartres pendant quelques mois, mais cette ville était trop étroite pour l’activité cérébrale de mon père ; il se décida d’aller à Paris, il était mieux dans son élément, alors il se donna corps et âme à la politique de son temps, ce fut la principale occupation de sa vie. Il faisait partie de diverses sociétés, entre autre du Grand-Orient.

La Belgique m’a-t-on dit, doit à mon père le plus bel article de sa constitution, lors de la réforme.

Ceci me fut raconté par un de ses ennemis personnels.