Page:Broglie - Souvenirs, 1785-1817.djvu/114

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civile que l’empereur, sous prétexte de fusion entre les partis, levait sur toutes les existences honorables et indépendantes.

Le répit ne fut pas long.

Rappelé, plus tard, à Paris, pour figurer, toujours à titre de président de canton, dans l’une de ces parades constitutionnelles qu’il plaisait à l’empereur de jouer, de temps à autre, devant le public, il fut nommé, tout à coup, et sans que rien le lui fît pressentir, préfet des Deux-Nèthes (Anvers) et placé ainsi entre l’exil suivi d’une persécution continue, et la plus importante des préfectures de France, celle où se poursuivaient avec le plus d’activité les plus grands travaux civils, militaires et maritimes.

Je puis parler librement sur M. d’Argenson. Je lui dois tout ; jamais la diversité de nos principes en philosophie religieuse, et de nos sentiments en philosophie sociale ou politique n’a porté la moindre atteinte à la tendre affection qu’il avait pour moi, moins encore s’il se peut à la tendre reconnaissance que je lui ai toujours témoignée.

Il y avait en lui deux hommes bien distincts : un rêveur sincère et désintéressé, un homme