Page:Broglie - Souvenirs, 1785-1817.djvu/122

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l’équipage entier fit cause commune avec lui contre l’amiral lui-même, si bien qu’un jour, étant à table au dessert, et lorsque la bouteille avait déjà circulé pendant quelque temps, l’amiral, ayant, dans son langage un peu grossier, dit en le regardant : Je tiens que tous les Français sont des coquins sans exception, M. de Montrond répliqua en le regardant en face : Et moi je tiens que tous les Anglais sont des gens comme il faut ; mais je fais des exceptions. L’amiral se le tint pour dit et n’y revint pas.

J’ai parlé du bonheur de ses réparties. Celle-là peut compter au nombre des meilleures et des plus hardies. Les renseignements venus de Londres lui ayant été favorables, il partit pour l’Angleterre, où il est resté jusqu’à la Restauration.

Je reviens à moi-même.

Je passai à Anvers tout le temps que j’eus de libre.

J’y retrouvai M. d’Argenson tout entier à ses occupations ordinaires, mais plus dégoûté que jamais du régime impérial, se préparant à la retraite, et se demandant s’il ne vaudrait pas mieux prévenir un exil forcé par un exil volontaire.