séances du conseil d’État. L’empereur le convoquait à Saint-Cloud ; il fallait quelque attention pour n’y point manquer : tantôt la convocation était à sept heures du matin, tantôt à une heure après-midi et les séances duraient quelquefois jusqu’à la nuit.
Les principales discussions dont j’ai gardé le souvenir avaient pour objet, à cette époque, l’organisation de la Hollande en départements français. Après avoir cédé à son frère le Brabant hollandais, la Zélande et la Gueldre, le roi Louis avait enfin pris son parti ; il avait abdiqué en faveur de son fils ; et la Hollande avait été d’abord occupée par les armées françaises, puis réunie à la France.
Appelés à siéger au conseil d’État, et à prendre part à la métamorphose de leur pays, les personnages les plus considérables de la Hollande portaient, dans ces discussions, le bon sens, la fermeté et le sang-froid de leur caractère national ; ils résistaient, par d’excellentes raisons, à la pédanterie bureaucratique et tracassière qu’on s’efforçait de substituer à leurs habitudes locales ; ils opposaient le fond à la forme, la probité traditionnelle aux précautions compliquées, l’appréciation sensée aux chiffres et aux colonnes de la statistique. L’empereur leur donnait habituellement gain de cause