lui fit défaut, il termina par cette apostrophe foudroyante :
— Sortez de mon conseil, que je ne vous revoie plus ; retirez-vous à quarante lieues de Paris.
Le pauvre M. Portalis, qui n’avait pu saisir un intervalle pour placer deux mots, ne se le fit pas dire deux fois ; il sortit, à pas pressés, laissant sur sa petite table un portefeuille à demi-ouvert et son chapeau.
Durant le cours de l’allocution impériale, tout le conseil resta muet et consterné. Deux de ses membres, je le rappelle à leur honneur, eurent le courage, et il en fallait pour cela, d’intervenir dans cette fable du loup et de l’agneau. Ce furent M. Pasquier et M. Regnault de Saint-Jean d’Angely.
M. Pasquier, récemment nommé préfet de police, aurait été le vrai coupable, s’il y avait eu le moindre tort de la part de personne ; il ne craignit point de le rappeler ; M. Regnault se porta au secours du faible par esprit de justice et par bonté naturelle. Cela lui arrivait assez souvent.
M. Pasquier, que j’ai connu dès cette époque (il m’avait offert très obligeamment, lors de ma mission dans le département de la Sarthe, une lettre pour son frère, sous-préfet à La Flèche), était alors