Page:Broglie - Souvenirs, 1785-1817.djvu/145

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J’avais connu, de bonne heure, madame Esménard. C’était son mari qui m’avait conduit chez elle, et j’avais fréquemment rencontré celui-ci dans le monde littéraire ; il avait de l’instruction, un talent réel en poésie, un esprit distingué, quoique un peu lourd. J’ignore à quelle famille appartenait madame Esménard, mais c’était une personne d’un caractère élevé, d’une grande égalité d’âme et d’humeur, et d’un commerce sûr ; elle avait alors trois filles, très jeunes : la dernière est aujourd’hui chanoinesse en Bavière ; elle recevait une société assez limitée de gens d’esprit et de gens de lettres. J’y ai connu M. de Rossel, le compagnon de voyage d’Entrecasteaux. Je note ici, en passant, que j’y ai rencontré un homme qui, depuis, a presque joué un rôle dans les premiers moments de la révolution de Juillet, sous le nom, emprunté je crois, de général Dubourg.

Je me serais assez bien trouvé de mon séjour à Paris et de ma position expectante, si je n’avais pensé qu’à mon agrément personnel, mais je voyais mes camarades avancer, les uns après les autres, sans qu’il fût question de moi, dont cependant on s’accordait à dire quelque bien, lorsqu’un soir, entrant dans le salon de M. de Bassano, où j’étais admis