Page:Broglie - Souvenirs, 1785-1817.djvu/155

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sieurs m’étaient connus : le général César Delaville, Piémontais, d’un esprit cultivé et d’un noble caractère ; Adrien d’Astorg, Auguste de Forbin, connu par son talent pour la peinture et ses succès dans le monde. Au moment dont je parle, il était détaché à l’armée de Portugal.

Le maréchal avait toujours aimé à s’entourer de gens de condition ; il les traitait avec politesse, mais sans se départir en rien de sa dignité. Je tiens de M. de Montrond qu’un jour, dînant chez lui à Anvers, il lui demanda la permission de faire asseoir au bout de sa table un de ses officiers d’ordonnance. Cet officier, c’était le duc de la Force, alors âgé de cinquante ans et n’ayant conservé d’autre bien que son épée.

Tous nos divertissements se réduisaient à quelques excursions à portée de fusil de la ville, quand notre gouverneur, le général Kellermann, nous le permettait, ce qui était rare et pour cause ; à quelques promenades à cheval sur les remparts ; enfin à quelques promenades à pied le long des rives du Duero, dans l’intérieur même de la ville. Encore n’était-ce pas tout à fait un plaisir sans risques ; car, un soir, étant couchés sur l’herbe, nous entendîmes tout à coup siffler des balles à nos