Page:Broglie - Souvenirs, 1785-1817.djvu/201

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de penser que, cette fois encore, il n’était qu’ajourné, et que nous y travaillerions, à notre insu, par nos victoires, que nous transformerions le grand-duché en royaume nominal, d’abord pour le roi de Saxe, puis, un jour ou l’autre, pour l’empereur Alexandre. Il s’est trouvé, en définitive, que nous y avions travaillé par nos revers, et que c’est la catastrophe de 1814 qui a fait du grand-duché un royaume, et de l’empereur de Russie le roi de ce royaume-là. Le nouvel accès de folie des pauvres Polonais, en 1830, a empêché jusqu’ici l’embryon de grandir fasse le Ciel qu’ils n’aient pas brisé leur dernière planche de salut !

Poursuivi de ces idées, je n’avais garde d’en faire confidence à personne ; mais j’étais involontairement attiré vers ceux d’entre nos hôtes que j’en soupçonnais un peu hantés comme moi. Le vieux prince Czartoryski, père du ministre en disponibilité de l’empereur Alexandre, était grand-maréchal de la Diète ; son fils cadet servait avec valeur dans le corps d’armée du prince Poniatowski ; son gendre, le comte Zamoyski, était à Varsovie un personnage considérable ; la vieille princesse Czartoryska et ses deux filles, la princesse de Wurtemberg et la comtesse Zamoyska, célèbre en France et en Angleterre