vive et sur le qui-vive, comment le moindre fait, le moindre bruit, le moindre mot, une feuille qui tombe, une mouche qui vole, suffisaient pour mettre tout en rumeur. Un jour, on apprenait que le roi de Saxe, réfugié en Bavière, sous la protection de la France, s’était en quelque sorte échappé à la sourdine, pour venir se placer en Bohême, à la disposition de l’Autriche ; un autre jour, que le prince de Schwartzenberg, retiré en Galicie avec son corps d’armée, avait reçu de l’empereur Napoléon l’ordre de rentrer dans le grand-duché et d’attaquer les Russes ; puis l’empereur d’Autriche, en revanche, se mettait en tête d’inviter le prince Poniatowski à quitter le grand-duché et à traverser la Bohême pour rejoindre l’armée française, en déposant ses armes, chemin faisant ; puis l’empereur le lui défendait et les deux corps d’armée étaient sur le point d’en venir aux mains, etc… Dans une course rapide que je fis à Cracovie pour cette affaire délicate, j’eus lieu de me convaincre que l’état d’angoisse et de perplexité qu’engendrait et entretenait la situation des affaires, n’était pas concentré à Vienne et dans les hauts lieux, mais qu’il s’étendait partout, et descendait dans tous les rangs ; je le retrouvais, pour ainsi dire,
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