Page:Broglie - Souvenirs, 1785-1817.djvu/239

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Le départ fut si subit et tenu si secret, que nous faillîmes en être informés trop tard.

Ce furent deux Français dont, le nom m’échappe en ce moment, deux anciens domestiques d’émigrés français, vivant à Vienne l’un d’un petit commerce, l’autre d’un petit emploi subalterne, mais liés avec les gens des écuries impériales, qui vinrent nous avertit. M. de Narbonne alla droit et sur-le-champ chez M. de Metternich ; il s’expliqua avec lui, non sans quelque vivacité. On le paya de bonnes paroles et de mauvaises raisons ; l’empereur partit dans la soirée et rencontra sur la route M. de Nesselrode ; le lendemain M. de Narbonne était lui-même sur la route de Dresde ; il n’emmenait que moi, donnait rendez-vous à ses aides de camp ; l’ambassade restait à Vienne.

Arrivés à Dresde dans les premiers jours de juin, nous y restâmes jusqu’au 15 juillet.

M. de Narbonne fut reçu avec bienveillance ; on lui sut plutôt gré d’avoir quitté Vienne de son chef, et sans en attendre l’ordre ; mais il n’évita point le reproche d’avoir exécuté ses instructions avec activité et vigilance. C’était le sort de tous les serviteurs à cette époque. Sans entrer en faveur, sans recevoir la confidence des vrais desseins du