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Page:Broglie - Souvenirs, 1785-1817.djvu/248

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faire avertir si l’empereur avait quelque éclaircissement à demander.

M. de Bassano me le promit.

Il était consterné ; il ne pouvait se refuser ni à l’évidence des chiffres, ni à l’authenticité des documents auxquels ces chiffres étaient empruntés. Il me dit d’attendre et j’attendis.

J’attendis longtemps.

À la fin, je vis revenir M. de Bassano. Il était radieux. L’empereur, après l’avoir un peu réprimandé, l’avait convaincu que nos chiffres étaient des fables et nous des idiots.

J’insistai, il persista ; je persistai de mon côté.

— Mon cher, me dit-il enfin, l’empereur en sait plus que nous, plus que tout le monde, sur cela comme sur toutes choses, et son opinion est pour moi comme une ornière de marbre, où je marche en sécurité sans m’en écarter.

J’attendis encore. L’empereur ne me fit point appeler. Il garda néanmoins le travail que je lui avais fait remettre, et je crois qu’il le trouvait, au fond, plus exact qu’il ne le souhaitait ; en tout cas, il ne tarda pas à savoir à quoi s’en tenir.

Dans la soirée, avant de me remettre en route, j’eus une assez longue conversation avec le secré-