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Le 2 mai, il posa les bases de la Charte dans la déclaration de Saint-Ouen.

Le 30, il inaugura les deux Chambres.

Je n’ai assisté qu’en simple spectateur à ces événements, sans y prendre aucune part ; et, comme spectateur, voici, en peu de mots, le peu que j’ai vu.

Ce ne fut qu’au bruit du progrès des alliés, et précisément dans la mesure de ce progrès que j’entendis prononcer le nom des princes de la maison de Bourbon. Je n’ai pas besoin de dire que j’étais étranger aux conciliabules que tenaient, dit-on, leurs partisans, et dont, pour ma part, je doute très fort ; mais dans les maisons que je fréquentais et où les esprits étaient, d’ailleurs, très partagés, il était impossible qu’on ne discutât pas les chances de l’avenir ; la Restauration y avait sa part, mais fort petite ; et, chose étrange, on ne savait rien à Paris ni de l’entrée du comte d’Artois en Franche-Comté, ni de l’arrivée du duc d’Angoulême dans le Midi. Je me souviens très bien, par exemple, des discussions dont le salon de madame de Jaucourt était le théâtre, discussions qui se prolongeaient très avant dans la matinée. M. de Jaucourt, bien que sénateur et attaché à la personne du roi Joseph, était certainement très avant dans