la postérité et prépare ses arrêts, s’accorde à reconnaître dans l’auteur de tant d’écrits qui vivront autant que notre langue, la générosité du caractère, l’élévation des sentiments, la force, l’étendue et la finesse de l’esprit, une rare diversité de dons naturels et de talents acquis, sans parler de l’incomparable éclat de sa conversation.
Je n’ajouterai rien à tout ceci, et, de vrai, qu’y ajouterais-je ? Madame de Staël a plutôt nui quelque peu à la mémoire de son illustre père, en l’accablant d’éloges mérités, en disposant le public ingrat et malin à dire de lui ce que disait d’Aristide le paysan athénien. Je ne rendrai point à la sienne ce mauvais office, et je me contenterai d’indiquer un trait particulier de sa nature, parce qu’il suffit à lui seul pour expliquer bien des choses et pour répondre au besoin à plus d’un reproche.
Ce qui caractérisait avant tout, plus que tout madame de Staël c’était, d’une part, une activité impétueuse, impérieuse, irrésistible pour elle-même, et, d’une autre part, si j’ose ainsi parler, un bon sens inexorable. Dans toutes les transactions de la vie, publique ou privée, dans toutes les préoccupations de l’intelligence, étude ou médita-