Page:Broglie - Souvenirs, 1785-1817.djvu/308

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un coup d’État, mais un coup d’État utile et innocent. La proposition échoua par le refus positif de M. de la Fayette et de M. d’Argenson, les deux premiers dont le nom eût été mis en avant.

M. de Lally nous donnait, chaque soir, la comédie dans ces réunions. Il commençait ses interminables harangues en répandant des torrents de larmes sur les infortunes de la maison de Bourbon, et les terminait en répandant des torrents d’injures sur chacun des membres de la famille royale.

Dans les intervalles libres que me laissaient les séances des Chambres et les réunions dont je viens de parler, j’attirais chez moi plusieurs jeunes amis que je m’étais faits récemment à l’occasion du procès du général Exelmans. Je veux parler des rédacteurs du Censeur européen, le journal le plus libéral, le plus résolu et le plus désintéressé qui ait honoré notre temps et notre pays ; je veux parler de plusieurs de leurs collaborateurs, au nombre desquels on comptait déjà Augustin Thierry, qui s’est acquis depuis une mélancolique et glorieuse célébrité.

Nous parcourions souvent ensemble les rues, les carrefours, les lieux publics, nous mêlant à la