Page:Broglie - Souvenirs, 1785-1817.djvu/341

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plus grand nombre de voix ; la déportation, qu’il devenait facile de commuer promptement en simple exil, nous parut la plus appropriée à la personne et aux circonstances.

Mais nous ne parvînmes point à nous entendre sur le sens et le tour qu’il convenait de donner à notre vote, sur le choix et l’explication des motifs.

Lanjuinàis soutint qu’il fallait se retrancher derrière la capitulation de Paris, dont la Chambre n’avait pas permis la discussion aux défenseurs, mais ne pouvait interdire l’examen aux juges.

Nous lui répondions que la capitulation de Paris ne couvrait pas le maréchal dans l’intention des signataires, lesquels d’ailleurs n’avaient pas qualité pour engager Louis XVIII, à l’égard de ses propres sujets, ce qui était vrai, à la rigueur. Lanjuinais se défendait mal ; s’il nous eût dit simplement qu’en matière criminelle, il suffisait qu’un moyen de droit pût être allégué selon sa lettre, et quelle que fût sa valeur morale, pour profiter à l’accusé ; qu’en cette matière, il fallait toujours appliquer la maxime Favores ampliandi, odia restringenda, il nous aurait persuadés.

Porcher insistait pour qu’on se bornât à faire valoir, en avouant le crime, la gloire du maréchal,