On a dit et répété dans le temps, que, le jugement rendu, les pairs s’étaient mis à table, et que la séance s’était terminée par un bon souper, voire même par une sorte d’orgie. Il a paru des gravures clandestines, circulant sous le manteau, où nous étions représentés le verre en main, à peu près comme l’enfant prodigue dans les gravures de la Bible de Royaumont.
C’est une insigne calomnie.
Il n’y eut ni souper ni rien de pareil.
La séance ayant commencé à dix heures du matin et fini après minuit, M. de Sémonville avait fait dresser un buffet dans un cabinet : dans les intervalles de repos, chacun y pouvait venir demander soit un bouillon, soit un peu de pain, soit quelques rafraîchissements. Personne ne se mit à table, personne ne causait avec personne.
Je rentrai chez moi fort tard ; je demeurais alors dans la rue Le Peletier, près du boulevard. Ne pouvant dormir, j’ouvris ma fenêtre au point du jour ; je vis passer un bataillon anglais, marchant le pas, tambour battant, musique en tête.
C’était au moment même où le corps du maréchal Ney, que le fer et le feu de l’ennemi avaient toujours respecté, tombait percé de douze balles françaises.