Page:Broglie - Souvenirs, 1785-1817.djvu/350

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cida, par amour pour la paix, qu’elle ne discuterait point, et vota la loi, sans rapport, sans débat, sans l’ombre même et le simulacre d’un examen.

Je fis imprimer le discours que j’avais préparé ; je le fis distribuer, malgré les instances du préfet de police, M. Anglès, et je l’envoyai à madame de Staël.

Ce discours ne valait rien et n’aurait produit aucun bon effet. Le fond des idées, sans doute, était honnête et sensé ; mais le style était obscur, pédantesque et souvent incorrect. Madame de Staël, en me le renvoyant, me déclara qu’elle n’y avait rien compris ; l’épreuve était soulignée de page en page, et de ligne en ligne. On peut encore la retrouver dans ma bibliothèque.

L’affaire des deux millions de madame de Staël, que nous suivions, son fils et moi, auprès du gouvernement, étant réglée, et ma présence à Paris, novice que j’étais, et dans la position que je m’étais faite, ne pouvant exercer en rien une influence salutaire, je partis pour l’Italie, où m’appelaient les intérêts les plus chers et les plus pressants.