Page:Broglie - Souvenirs, 1785-1817.djvu/374

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sa vie, son esprit, ses écrits ont été trop bien caractérisés dans la notice placée en tête de l’Éducation progressive pour que j’y ajoute un seul mot. Elle a porté dignement, disons mieux, elle a honoré les deux noms les plus illustres qui aient, eux-mêmes, honoré son temps et son pays. Sans égaler madame de Staël, son souvenir en est inséparable après vingt ans de vie de famille, mon seul regret c’est de l’avoir trop peu connue.

La surdité dont elle avait été affligée de très bonne heure était devenue telle, au temps dont je parle, qu’il était impossible d’entretenir, avec elle, plus d’une demi-heure de conversation sans une extrême fatigue pour elle-même et pour son interlocuteur. Cela rendait toute intimité nouvelle presque inaccessible ; et je n’ai pu guère apprécier que par éclair l’étendue et l’élévation de son esprit, la puissance et la finesse de son jugement ; mais plus j’ai vécu avec les personnes qui l’avaient connue dès sa jeunesse, ou dès leur enfance, plus j’ai appris à la respecter et à l’admirer.

Durant le cours de cet été, trois hommes, très diversement célèbres, du moins à cette époque, fréquentaient plus ou moins Coppet lord Byron, M. de Stein et le général Laharpe ; un quatrième,