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Page:Broglie - Souvenirs, 1785-1817.djvu/385

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madame de Staël était arrivée à Paris, avec sa fille, M. Rocca, et M. Schlegel.

Ce fut son dernier hiver.

Elle ressentait, depuis longtemps, les premières atteintes du mal auquel elle a succombé. Des insomnies habituelles, dont la cause, d’abord inconnue, se manifestait par une inquiétude générale dans toute la partie inférieure du corps, et l’obligeait à se relever dès qu’elle était couchée et à marcher rapidement dans sa chambre jusqu’au point du jour, prit bientôt tous les caractères d’une menace de paralysie.

Elle lutta contre l’invasion du mal, avec une impétuosité héroïque : partout invitée, allant partout, tenant maison ouverte, recevant le matin, à dîner, le soir tous les hommes distingués de tous les partis, de tous les rangs, de toutes les origines, prenant à la politique, aux lettres, à la philosophie, à la société sérieuse ou frivole, intime ou bruyante, ministérielle ou d’opposition, le même intérêt que dans les premiers beaux jours de sa première jeunesse.

La session s’ouvrit le 28 novembre, par la loi des élections, la session active et réelle, il s’entend, les premiers jours ayant été consacrés à