Page:Broglie - Souvenirs, 1785-1817.djvu/390

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venait moins à mon caractère. J’étais dès lors, et je suis toujours resté depuis, mais avec la modération que donne l’expérience, novateur dans l’ordre, sans regret d’aucun passé, aspirant à l’avenir. Pour l’avenir c’était la devise de mon esprit comme celle de ma famille. Aujourd’hui même encore, après tant de revers et de mécomptes, j’ai grand’peine à me débattre contre l’espérance, et je travaille, bon gré malgré, pour un temps meilleur.

Rien non plus ne convenait moins à mes préoccupations du moment. J’étudiais passionnément, le mot n’est pas trop fort, l’histoire, la constitution, la législation de l’Angleterre. J’étudiais, avec une affection devenue filiale, dans les écrits de M. Necker, l’histoire de notre révolution, les erreurs de l’Assemblée constituante, les crimes de l’Assemblée législative et de la Convention, les turpitudes du Directoire. J’acquérais, dans ces écrits, l’intelligence des institutions anglaises et des institutions américaines, fidèlement exposées avec une grande hauteur de vues et une grande finesse de pénétration. Plus j’avançais dans ce travail, plus je m’éloignais de mon point de départ, et plus je me sentais déplacé dans le parti qui s’appelait exclusivement libéral. Tendant au même but, nous