Page:Broglie - Souvenirs, 1785-1817.djvu/401

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fâcheux ne fut prononcé parmi les concurrents écartés, le mouvement électoral fut assez vif, et les démonstrations assez bruyantes pour alarmer le roi et la cour, pour inquiéter le ministre auteur de la loi, et donner des armes à ses adversaires.

Je m’accuse d’avoir participé à ce défaut de prudence et de mesure. Les deux candidats que le parti dont j’étais, le parti libéral ou soi-disant tel, fit prévaloir, à Évreux, sur les candidats du gouvernement, étaient deux hommes honnêtes, justement considérés, modérés d’intentions, mais populaires, et enclins à la popularité. Leur nomination, précédée de réunions très animées, et suivie d’une sorte d’ovation, passa dans le pays pour un triomphe des jacobins.

Cette lune de miel du parti libéral, ne profita point, du premier coup, à Benjamin Constant. Nous étions encore trop voisins des Cent-Jours. Il reparut, néanmoins, sur la scène politique, moyennant deux brochures très piquantes, et une querelle de journaux avec M. Mole, où ils se dirent l’un à l’autre quelques bonnes vérités.

Ce fut aussi le moment qu’il choisit pour publier son roman d’Adolphe. — Adolphe, le petit-fils de Werther, le fils de René l’Européen, le père de tous