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cessairement et prochainement à une réaction salutaire, et, par là même, à un ordre de choses régulier. La réaction avait échoué le gouvernement qu’elle avait fondé envoyait ses fondateurs périr à Sinnamari. Tous les efforts des honnêtes gens pour user régulièrement de leurs droits avaient été écrasés par la violence. On n’avait devant soi que le retour d’une anarchie sanglante, dont il était impossible de prévoir ni la durée, ni le terme, ni le remède.

Le remède ce fut le 18 brumaire, mais le 18 brumaire n’y suffisait pas. Ce n’était pas de coups d’État qu’on avait manqué depuis dix ans, mais de ce qui rend les coups d’État excusables, le génie, la sagesse, la vigueur qui les fait tourner au profit de la société, et les rend inutiles à l’avenir.

Le 18 brumaire fut, dans ses conséquences, aussi bien que dans les intentions de son auteur, précisément le contraire du 18 fructidor. C’est là sa gloire. Il fonda ce que le 18 fructidor détruisait. Il fonda l’ordre qui dure encore, malgré tant d’événements divers qui se sont succédé en France depuis plus d’un demi-siècle, et dont il n’a point à répondre.

Le 18 brumaire fut une délivrance, et les quatre années qui le suivirent furent une série de triom-