Page:Broglie - Souvenirs, 1785-1817.djvu/60

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mais principalement préoccupé de reproduire dans sa maison l’un de ces brillants salons où s’était formée sa jeunesse, un de ces salons où la liberté indéfinie des idées et du langage s’alliait à l’élégance et à la politesse. Madame Suard l’y aidait de son mieux, mais y nuisait plus qu’elle n’y servait elle était pédante et solennelle : le gros de la société qui se réunissait le soir chez elle paraissait plus irrité contre le Génie du Christianisme et l’école nouvelle que le maître de la maison.

Le journal intitulé le Publiciste était l’organe de cette société. C’était en quelque sorte un intermédiaire discret et ingénieux qui tempérait la rudesse de la Décade, organe des défenseurs du xviiie siècle, et l’ardeur du Journal des Débats, organe de la réaction.

M. Suard dirigeait le Publiciste ; mademoiselle de Meulan, depuis madame Guizot, en était l’un des plus spirituels rédacteurs ; M. de Barante, tout jeune alors, mais déjà auditeur au Conseil d’État, y faisait ses premières armes. Il n’y travailla pas longtemps. L’excellent ouvrage qu’il publia, à cette époque, sur la littérature du xviiie siècle, ouvrage envoyé au concours proposé par l’Institut,