Page:Broglie - Souvenirs, 1785-1817.djvu/68

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De retour en Belgique, je fus bientôt rappelé à Paris pour une affaire déjà entamée, mais suivie jusque-là avec peu de vivacité.

Je n’avais guère que vingt et un ans ; réformé de la conscription pour cause de myopie, je désirais entrer dans l’administration, la grande carrière de cette époque après la carrière militaire. La demande en avait été faite à l’empereur par mon oncle, alors évêque d’Acqui et aumônier impérial ; pour le dire en passant, ce n’était pas une médiocre preuve de l’esprit dont, en France, on était alors animé, que la facilité avec laquelle mon oncle, qui depuis lors a fait, au concile national de 1811, preuve d’un véritable courage, avait accepté cette place, sans aucun blâme de sa famille, qui rentrait comme lui d’émigration, et cela, deux ans à peine après le meurtre du duc d’Enghien.

Quoi qu’il en soit, à l’époque dont je parle, c’est-à-dire en 1806, mon oncle renouvela ses démarches ; je fis avec lui quelques visites ; je fus présenté à M. de Bassano et à l’archichancelier. On me promit que je serais porté sur la plus prochaine liste d’auditeurs ; mais l’exécution de cette promesse se fit attendre plus de deux ans ; je continuai à employer et à perdre mon temps alternativement.