qu’il n’avait pas encore acquise, et qui ne fut jamais très grande.
La paix mit fin à ces allées et venues ; elle réjouit d’autant plus les armées qu’on l’avait moins espérée. Dans l’intervalle qui s’écoula entre la signature du traité de Vienne et l’évacuation de Raab, je vis passer, retournant de Vienne, le vieux prince de Ligne, ancien ami de M. de Narbonne et de madame de Staël, exactement tel que ses lettres et ses écrits le dépeignent, gai, plaisant, jovial conteur, laudator temporis acti, admirateur du temps présent, fort moqueur à l’égard de la cour d’Autriche mais, à mon sens, bien léger pour un vieillard de quatre-vingts ans, feld-maréchal, couvert de cheveux blancs et de cicatrices.
Nous quittâmes Raab, en faisant sauter les fortifications de cette place, tristes adieux, tout au plus conformes aux règles du droit des gens. Ce fut le général Bertrand qui vint présider à cette œuvre de destruction. J’en suivis de l’œil toutes les phases : on perçait au pied des murailles de chaque bastion et de chaque courtine des fourneaux qu’on chargeait de poudre, chaque fourneau communiquait au dehors par un saucisson de poudre dont l’extrémité extérieure s’ouvrait sur une petite palette de