Page:Broglie - Souvenirs, 1818-1827.djvu/7

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Lors de la délibération préparatoire, au sein de ce conseil, tous avaient proposé de déférer au jury la connaissance des délits de presse. Vaincus sur ce premier terrain, ils en appelèrent à la Chambre des députés, et reproduisirent leur proposition sous forme d’amendement. C’était faire acte, sinon d’opposition, au moins d’indépendance. J’étais du complot.

La discussion fut brillante et hardie. M. Royer-Collard alla jusqu’à soutenir que le jury était la seule juridiction légitime, en matière de presse, attendu, disait-il, que les délits de cette nature ne sont appréciables qu’en équité.

C’était compromettre la cause en dépassant la mesure. J’eus, à ce sujet, plus d’une prise avec lui.

M. Pasquier, alors garde des sceaux, s’étant aventuré témérairement sur un terrain qu’il ne connaissait pas trop, je veux parler de la célèbre discussion qui eut lieu, en 1791, dans la Chambre des communes, sur la nature et les limites de la juridiction du jury en matière de presse, et ses méprises ayant été nombreuses, notre canapé tint conseil. En ma qualité d’écolier tout frais émoulu de ses classes, je préparai pour Camille Jordan les éléments d’une réplique qui fut fort applaudie.