Page:Broglie - Souvenirs, 1830-1832.djvu/100

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entre ses membres aussi bien que dans l’intérieur de chaque département ministériel.

Cette proposition, accueillie par le roi, qu’elle dispensait des embarras qu’entraîne tout changement de ministère, vivement soutenue par son auteur, et pour cause, froidement par le reste du conseil, aurait peut-être passé, de guerre lasse, si je ne l’avais arrêtée tout court, in limine litis.

« Il ne s’agit pas ici, dis-je nettement, de savoir qui sera ministre, ni comment sera constitué le ministère, mais de savoir quelle conduite on se propose de tenir ; si l’on entend désormais continuer à résister, avec modération et fermeté, au mouvement qui nous entraîne, après nous avoir placés à sa tête, ou bien nous placer à sa queue, et le suivre en l’amadouant par des concessions et des compliments, par des promesses et, par des caresses. Il est possible que ce dernier parti soit le meilleur, peut-être même le seul praticable, et, dès lors, on ne saurait mieux faire que de placer à la tête du ministère un chef qui le professe ; mais il faut que ce chef soit secondé par ses collègues qui l’assistent et ne contrarient ni ses actes ni ses desseins. Si ce chef doit être M. Laffitte, j’y consens, pourvu qu’il soit chargé de choisir lui-même ses collègues,