Page:Broglie - Souvenirs, 1830-1832.djvu/32

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taires et d’explications orales ; et, pour cela enfin, il fallait bien choisir les messagers qui seraient chargés de ces délicates missions.

Le général Baudrand, devenu le premier aide de camp du jeune duc de Chartres après avoir été son mentor, traversa la Manche ; il fut accueilli à bras ouverts par la population. Toute l’Angleterre était dans l’ivresse presque autant que la France. De ville en ville, de bourg en bourg, fourmillaient spontanément et comme à l’envi des meetings joyeux. Des hustings étaient dressés sur toutes les places publiques, on y célébrait à grands hourras les prouesses de nos ouvriers et de nos gamins, on chantait la Parisienne sur tous les tons, on la jouait sur tous les instruments ; pour peu de chose, on eût dételé le post-chaise emprunté par notre représentant à l’hôtel qu’il daigna choisir. Dans une courte excursion que je fis en Angleterre, quelques mois plus tard, sans caractère officiel, et dont je parlerai en son temps, je retrouvai encore en branle tout ce mouvement d’enthousiasme populaire. Il n’aurait guère été possible au gouvernement d’y résister, supposé qu’il y fût enclin ; mais, sans le partager, il n’y répugnait pas. Le roi était ami de la France et d’humeur libérale, comme